Plusieurs marchés de La Bio sont ponctuellement en crise, au rang desquels les produits laitiers en raison notamment d’une offre accrue en lien direct avec un printemps favorable à la pousse de l’herbe. Quant à la filière œuf nationale, tout le monde s’accorde à dire que nous avons 1 million de poules Bio en trop, rien moins que ça...
Retournement de la consommation : quelle réponse pour La Bio ?

À partir du 07/09/2021
Plusieurs marchés de La Bio sont ponctuellement en crise, au rang desquels les produits laitiers en raison notamment d’une offre accrue en lien direct avec un printemps favorable à la pousse de l’herbe. Quant à la filière œuf nationale, tout le monde s’accorde à dire que nous avons 1 million de poules Bio en trop, rien moins que ça…
Il en va plus globalement d’un retournement de tendance. En effet, si les consommateurs s’étaient remis aux fourneaux le temps du confinement, se tournant vers des produits simples (lait, beurre, fruits & légumes…), il semblerait qu’en Bio, comme en conventionnel, les tendances de consommation vont davantage vers des produits relativement élaborés. Autrement dit, le monde d’après n’aurait pas lieu !
Enfin, inflation et baisse du pouvoir d’achat se conjuguent pour que les consommateurs, toujours en tendance, se rabattent vers des produits moins onéreux. Le coup porté est sévère dans la mesure où, en l’espace d’une année, le nombre de consommateurs réguliers de produits Bio passant de 21% à 16% de la population française !
Dans un tel contexte, les filières retroussent les manches dans l’objectif d’atténuer la baisse de consommation. C’est un enjeu d’autant plus important pour les magasins spécialisés, lesquels ne peuvent pas amortir la déconvenue sur un autre secteur d’activité qui prendrait le relais.
Place à un expert du monde La Bio* qui esquisse en quelque sorte la Bio attitude à tenir en pareil contexte…
Ne pas tout miser sur l’alignement prix bas, au risque d’être emporté par le courant de la GMS
Constatant la baisse réelle du pouvoir d’achat, autour de 3% (sachant qu’il convient d’ajouter 2% au nom de la baisse ressentie**), il serait tentant de s’orienter brutalement vers des prix bas. Mais, ce serait sans doute sans compter avec les labels de troisième voie qui fleurissent (zéro-pesticides, HVE, C’est Qui Le Patron ?...), entraînant une confusion dans l’esprit des consommateurs.
Pour autant, le réseau des magasins spécialisés ne manque-t-il pas d’une segmentation des prix optimisée (premiers prix, marques de distributeurs, cœur de gamme, niches) ?
En l’état, les marques de distributeurs représentent 36% de la Bio en GMS***… et 1,5% en réseau Bio.
Dans un monde polarisé, il s’agit de continuer d’affirmer la différenciation positive qui est le crédo des magasins spécialisés Bio (qualité, éthique, rémunération des producteurs, planète & vrac accentué) pour satisfaire une clientèle sans souci financier et affirmant des exigences sociétales qui vont dans le sens des valeurs soutenues par les magasins spécialisés.
Qui dit monde polarisé, dit qu’il convient en parallèle de soutenir les clients en zone de précarité accrue (familles monoparentales, intellectuels précaires, petites retraites). Comment ? En les soutenant directement.
Enfin, un rappel qui ne se démodera jamais : que les magasins spécialisés communiquent encore & encore sur les bienfaits d’une alimentation de qualité, vectrice de bonne santé et de plaisir constant à déguster des aliments goûteux.
Si aucun expert ne sera en mesure de prédire l’échéance des effets positifs d’une telle « prescription », mieux vaut bien sûr s’y pencher sans délai.
* Sauveur FERNANDEZ, éconovateur.
** INSEE, en analogie avec température extérieure mesurée, et température ressentie.
*** GMS : Grandes & Moyennes Surfaces.
Sources : Bio Linéaires (7 02 2022).